Dak’Art 2024 : Appel à l’ouverture d’écoles de design en Afrique pour soutenir l’essor du secteur
Le commissaire de la section design de la 15e Biennale de l’art africain contemporain, Dak’Art 2024, Ousmane Mbaye, a lancé un vibrant plaidoyer pour la création d’écoles de design sur le continent africain. Lors d’une table ronde organisée autour du thème « Design in the Wake » dans le cadre de cette prestigieuse biennale, M. Mbaye a insisté sur l’urgence de former des designers capables de répondre aux besoins croissants d’un secteur en plein développement.
L’importance cruciale du design pour le développement économique
« Nous avons des écoles de droit, de médecine, mais les établissements dédiés au design manquent cruellement en Afrique », a souligné Ousmane Mbaye, expliquant qu’il est essentiel d’ouvrir des écoles spécialisées pour répondre aux besoins spécifiques de la profession. « Les artisans, nous en avons, mais il nous manque des penseurs du design, des gens qui créent les produits en amont », a-t-il ajouté.
Les États-Unis et le Cap-Vert, invités d’honneur de cette édition de Dak’Art, illustrent l’intérêt croissant pour l’innovation dans le design et sa contribution au développement économique. Pour M. Mbaye, il est clair qu’aucune économie ne peut se développer sans intégrer le design dans ses priorités, ajoutant que le design est une clé pour moderniser et dynamiser les économies africaines.
Une évolution nécessaire grâce à l’engagement des designers africains
Selon le commissaire, l’essor du design africain dépendra avant tout de l’engagement des designers eux-mêmes à promouvoir leur discipline et à démontrer son potentiel.
« Toutes les grandes entreprises mondiales ont débuté comme nous », rappelle-t-il. « À présent, seul un travail acharné de notre part permettra de convaincre les États et les industries de l’importance de ce secteur, pour qu’ils investissent enfin les ressources nécessaires. »
Le besoin d’éditeurs pour l’industrialisation du design africain
Lors de cette même table ronde, le designer ivoirien Jean Servais Somian a évoqué un autre obstacle majeur : l’absence d’éditeurs pour soutenir la production de pièces de design à grande échelle. « L’Afrique manque de capacité industrielle, notamment parce que nous n’avons pas d’éditeurs qui nous aideraient à produire et à distribuer nos créations, comme cela se fait en Europe et ailleurs », a expliqué Somian. Face à cette difficulté, les designers africains doivent souvent s’auto-éditer, une situation qu’il déplore mais qu’il considère également comme une opportunité pour se réinventer. « Nous avons fait de cette contrainte une force, en prenant en main notre propre production », a-t-il ajouté.
Un appel à l’action pour l’avenir du design africain
La Biennale Dak’Art 2024, qui se déroule jusqu’au 7 décembre prochain, met en lumière non seulement les œuvres et les talents de créateurs africains, mais également les défis auxquels ils sont confrontés. L’appel lancé par Ousmane Mbaye et les autres intervenants souligne un besoin pressant : structurer le secteur du design en Afrique pour en faire un pilier de développement économique, créateur de valeur et de richesse pour le continent.
L’ouverture d’écoles de design et la création d’un réseau d’éditeurs permettraient au design africain de s’épanouir pleinement et de contribuer significativement au rayonnement international de l’Afrique.