L’idée de faire une nouvelle rencontre m’avait aidé à m’extraire d’un sommeil comateux , je venais à peine de me lever mais déjà la nostalgie de ma couche et de son confort accueillant me gagnait. La veille au soir je m’étais endormi l’esprit plein de rêves, hanté par l’idée de cette rencontre prometteuse. Toute la journée   l’attente de ce moment avait sabordé mes pensées. Après avoir lavé mon linge, essoré puis étendu sur une ligne qui ne payait pas de mine et menaçait de rompre à tout instant sous le poids de mes habits imprégnés d’eau.

18h, Grand Dieu que le temps passe vite!  C’est l’heure de repasser ma tenue dit Sayid.

Il posa ces gestes minutieusement comme si chaque plis de son vêtement le défiait et remettait en question son amour propre.

L’occasion etait trop importante pour être mal fagoté ou dépenaillé bien au contraire l’élégance et le raffinement etait de mise pour cet entrevue.

Musc oud ou eau de parfum Jicky ?  

Après une brève hésitation, son choix se porta sur le parfum que chérissait son idole.

”  le Jicky de guerlain ”  titillait sa mémoire olfactive et celle- ci initiait à son tour une souvenance particulière en lui. 

Comme s’il voulait faire corps avec cette odeur delicieuse de fougère oriental et de lavande citronnée il appuyait frénétiquement sur le vaporisateur en veillant à ne manquer aucune surface de son boubou blanc, l’on aurait dit qu’il  tentait de vider le flacon, chose qu’il aurait certes réussi si l’inquiétude d’accuser un retard n’avait pas soudainement réquisitionner son attention.

Il posa la fiole sur une petite table en lui jettant un regard satisfait et s’éloigna d’elle.

SAYID mettait toujours un point d’honneur à arriver à heure précise aux rendez-vous. 

“18h 52 minutes ” il n’y avait pas encore le feu au lac se disait-il , il était dans les temps.  Après tout, seul un pâté de maisons le séparait du lieu de rencontre.

Sur le chemin, Sayid pensa à la marche des siècles à la répétition des jours , au soleil qui depuis mathusalem faisait son office sans rechigner contrairement à nous humains, pauvres créatures ingrates qui s’offusquent et se plaignent pour tout et n’importe quoi. 

Bien que les jours se succédaient depuis des milliards d’années, aucun ne se ressemblait vraiment. Quel miracle que la création pensa t’il , après cette brève réflexion la définition du mot routine lui  sembla biscornue car en vérité jamais deux journées n’étaient identiques. L’académicien en herbe qui naissait en lui manqua de se faire écraser par un SUV qui roulait à grande vitesse, ce type de mini mésaventure lui arrivait trop souvent du fait de son étourderie. Cela le faisait toujours penser que sa dernière heure n’était pas encore advenue, c’était la seule explication logique à tous ces coups de bol. L’incident le tira immédiatement de sa rêverie car il ne tenait pas à assister à cette rencontre les pieds devant.

Sacrebleu !

Un jardin pas comme les autres  …

Un drap blanc en maylous etait étendue sur un tapis persan de type shiraz, une certaine solennité se dégageait de cet agencement méticuleux. La propreté des lieux jumelée à une senteur de bois d’ambre et de guowé invitaient au recueillement et à la contemplation.

Des ventilateurs ornaient les murs  et s’employaient généreusement à rafraîchir l’air de la pièce.

Sayid ouvrit la porte et entra dans la pièce en affichant un large sourire. Il salua chaleureusement ces deux amis et prit place sur le côté gauche de l’étoffe en s’appliquant à rester droit et correct dans sa posture, il sorti son chapelet, prononça les formules d’usages, regarda sa montre, s’assura de l’heure mais aussi de respecter les bienséances rituels. 

C’est à ce moment précis qu’il se rappela son rêve du petit matin.

Curieux cette façon qu’ont les rêves de nous revenir en mémoire quand on s’y attend le moins maugréa t’il silencieusement.

Dans son rêve il s’était vue recevant un appel téléphonique et dès qu’il avait décroché il avait tenu ces propos à son interlocuteur :

Sais tu que celui qui pratique journellement la wazifa sera ressuscité en état de wazifa.

Sache aussi que l’un des tassrufats ( une des manifestations) du maître de l’existence Abal Qasim saws fait acte de présence dans chaque wazifa homologué par le Izn ou par un détenteur de izn

 ( l’autorisation émanant de la présence)

Garde à l’esprit que certains font deux wazifa en une , ils renouvellent leur iman une fois la séance débutée et entre alors dans un tout autre niveau d’évocation – invocation tout en partageant le zikr apparent avec les autres cela est l’affaire des Arifs Bilah ( les connaisants en ALLAH ).

Il n’avait pas fini de se remémorer ce rêve que le zikr de la fatiha qui donnait le ton de la wazifa commencé déjà.

Néanmoins il compris que c’était là un message qu’on lui transmettait pour qu’il remédie à son manque d’assiduité car il n’avait aucune connaissance de ces dispositions avant ce rêve exception faite de la présence du prophète asws lors de la 7 perle de jawharatoul Kamal. Il avait ouï dire cela auparavant et y croyait fermement.

Sayid scanda avec ces condisciples les paroles sacrées , ces hautes lettres qui hébergeaient des théophanies lumineuses, des secrets immémoriaux, des particularités silencieuses qui ne se révélaient que par l’action de la faveur divine fadlu lahi.

En effet, la plupart des textes qui régissent la wazifa cachent en leur sein : le Ismu lahi ahzam (le plus grand nom de Dieu.). Le fait de réciter ces prières avec l’intention de mentionner ce nom superbe était un bienfait incommensurable, insondable en degré, intensité, martaba , ouverture et protection. Un chapitre du Jawahir Al Maani abordait d’ailleurs la question du Nom suprême de manière  exhaustive et succincte. 

” Je devrais y jeter un coup d’œil à nouveau songea t’il pendant qu’il récitait le Tahali : 

Astaghfiroullah al azimal lazi La Ilaha Ila houwal hayyul qayyum.

La wazifa agissait comme un régulateur lui permettant de recevoir des bribes d’informations qu’il devait par la suite rassembler comme un puzzle pour avoir une vue d’ensemble.

Ses parties préférées étaient sans doute la récitation de la salat el fatihi puis celle de la perle de la perfection le jawharatoul Kamal, majestueux dans sa récitation en groupe ces arcanes ne se révélaient qu’aux purifiés, à ceux qui avaient pratiqués les ablutions du nafs.

La séance tirait à sa fin à mesure que Maghreb se rapprochait. Dans son fort intérieur il fit la louange du Dieu unique ALLAH et se promit de ne jamais oublier que Chaque wazifa était particulière, jamais deux séances ne se ressemblaient. 

Sayid n’avait qu’un seul objectif désormais

: rencontrer le paraclet en état de veille, chose certes ardue mais au moins il avait l’assurance que le prophète asws serait là chaque jour présent au rendez-vous même s’il ne le voyait pas de visu il pourrait peut-être ressentir son énergie, sa présence ineffable.

ALLAH aide moi à ne pas être happé par  les plaisirs éphémères et à être constant dans mes actes d’adorations invoqua t’il alors que le Moukhadam recitait les doua de clôture.

Allahouma antal awalou ….